Château de Montferrand et le comté de Melgueil
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Localisation

Le château de Montferrand est situé sur le territoire de la commune de St-Mathieu-de-Tréviers, à 25 Km au nord de Montpellier (voir une carte). Il est accessible à pied en 45 minutes environ par un sentier balisé rouge et blanc (GR 60) : le sentier grimpe doucement à flanc de colline par le sud (bravo à Didith et à Rémi pour l’ascension sous un soleil torride !). Pour effectuer cette randonnée, visitez ce site !


Photo JFM : vue depuis le sud, le château se confond avec les roches !

Dressées sur une crête dentelée du Pic Saint Loup, isolées au milieu de la garrigue qui l’étouffe, les ruines du château de Montferrand, figées dans la pierre, défient le temps. Le château se dresse depuis le XIIe siècle à l'emplacement d'un ancien castel romain, et profite au nord d’une falaise verticale de 20m comme défense naturelle.


Photo Eric Touroff

Une vue exceptionnelle

Au sommet la vue panoramique est splendide :

 

  • Au nord, vue au 1er plan sur l'Hortus, avec ses falaises de calcaire et le château de Vivouriès ; et sur les Cévennes en arrière-plan,
Photo JFM

 

  • A l’ouest, le profil du Pic Saint Loup est impressionnant avec sa falaise verticale de 150m

Photo JFM

  • Au sud, on voit la plaine littorale qui s’étend jusqu’à la mer (on aperçoit sur la photo la Grande Motte !)

Photo Eric Touroff


Photo JFM

Photos JFM : vues des anciennes fenêtres du château : sur la plaine littorale à gauche et le Pic Saint Loup à droite


Historique du XII au XVIIe siècle

  • 1103 : le comte de Toulouse fait valoir ses droits sur le château de Montferrand et sur une partie du comté de Melgueil, qui correspond à l'est du département de l'Hérault. Il est fait mention dès 1132 de son appartenance aux comtes de Melgueil.
  • 1215 : confisqué au comte de Toulouse Raymond VI durant la croisade des Albigeois (avec également le château de Mornas), il est confié par le Pape à l'évêque de Maguelone qui devient également comte de Melgueil et de Montferrand. Il s'agit d'un alleu pontifical, ne relevant d'aucun seigneur et donc exempté de toute redevance. L'évêque concentre donc tous les pouvoirs à la fois spirituels et temporels, et se permettra même de battre monnaie : le denier melgorien.
  • 1245 : le commandement est confié par l'évêque à un châtelain capitaine.
  • Début du XIIe : le comté de Melgueil est partagé en 2 districts : celui de Melgueil (devenu Mauguio et dont le château féodal a totalement disparu) et celui de Montferrand.
  • 1536 : le diocèse de Maguelone est transféré à Montpellier.
  • 1568 : mort du diplomate Guillaume Pellissier au château de Montferrand.
  • 1574 : les protestants s'emparent du château dans le cadre des guerres de religion.
  • 1584 : Antoine de Cambous reprend le château qui redevient catholique. Le site lui est confié pour "services rendus". Il s'inspire de la Renaissance pour le faire modifier. Sa fille va s'y marier avec Jean de Ratte.
  • 1611 : l'évêque Pierre de Fenouillet renforce la défense du château pour résister à l'artillerie : un fossé est taillé dans la roche à coup de barre à mine et la 1ère enceinte est ajoutée. Les protestants du duc de Rohan assiégeront le château sans succès : ils lèveront le siège après avoir été bombardés par l'artillerie !
  • 1623 : après avoir conquis Montpellier pour le compte des catholiques, le capitaine Jacques Valat est nommé par l'évêque Pierre de Fenouillet châtelain à vie du château de Montferrand.
  • 1659 : mort de Jacques Valat et début de la décadence du château.
  • XVIIe : Louis XIV autorise l'évêque Colbert de Croissy à faire détruire les bâtiments : les pierres sont offertes en dédommagement à ceux qui acceptent de procéder à sa démolition ... mais les difficultés de transport limiteront les destructions !

Photo Eric Touroff :
Corps du logis qui devait avoir 3 étages : il défie les lois de la gravitation, en équilibre au dessus sur son piton.

La construction est réalisée selon la méthode dite "mégalithique", qui consiste à remplir de pierres le vide laissé par les deux parements latéraux.

La structure du château

Cet habitat n'a jamais été un habitat seigneurial, mais un dispositif de défense pour contrôler le nord du comté de Melgueil. Il était occupé par un capitaine, un bayle (économe), des officiers et des soldats. Il est probable que les effectifs soient montés à 200 personnes au XVIIe s.

Les ruines occupent un rectangle d’environ 100m sur 60m : les vestiges, dont certains sont à l’état de lambeaux sont composés des deux enceintes, des communs, des logis, de caves voûtées et de la base du donjon.

  • 1ère enceinte :
Photos JFM : vues de la 1ère enceinte
  • 2ème enceinte :


Photo JFM : base du donjon ?


Photo JFM : ancienne entrée ?

 


Photo Eric Touroff : 2ème enceinte avec une tourelle défensive
  • Caves et citernes :
Caves à l'intérieur de la partie la plus haute du château (anciens bâtiments communs ?)
Photos JFM : caves voûtées de la 2ème enceinte et citerne

Globalement, l'ensemble était conçu pour pouvoir tenir un long siège : cela explique la présence de citernes qui recueillaient l'eau, de citernes à vin et à huile, d'un moulin à farine, ...

La république de Montferrand

En 1276 à la mort de Jacques 1er « le Conquérant », roi d’Aragon, comte de Barcelone et seigneur de Montpellier, l’évêque de Maguelone Bérenger de Frédol crée la République de Montferrand (cet évêque est également le comte de Melgueil, qui représentait grossièrement tout l’est du département actuel de l’Hérault). Six paroisses la constituent initialement, parmi lesquelles Tréviers, Valflaunès, Saint-Jean-de-Cuculle, Saint-Gély-du-Fesc ainsi que deux hameaux, Vailhauquès et Saint-Clément. Le capitaine du château de Montferrand était le représentant de l’évêque.

Au XIVe s, la communauté s’agrandit avec en particulier Viols-le-Fort, Viols-en-Laval et Les Matelles qui, grâce à ses remparts qui ont défié le temps (il font aujourd'hui du bourg un magnifique village médiéval), fera figure de préfecture et recevra le parlement qui siégera dans son église.

L’évêque leur accorde une charte de franchise, acte juridique qui accorde des droits particuliers, des exemptions de taxes et des privilèges : suppression de certains droits de succession, diminution de certains droits, puis par la suite possibilité de moudre le blé à n’importe quel moulin sans payer de droits. En 1485, la République (nommée parfois le Laval de Montferrand), siégera aux Etats généraux du Languedoc en alternance, à cause de sa modeste taille.
Cette République jouissait d’une relative autonomie pour la gestion de ses affaires : elle est venue par la suite se fondre dans le creuset de la révolution française avant de disparaître.


Vues d'avion du château
(prises à partir d'un planeur à l'occasion d'un vol ... offert par ma femme pour mon anniversaire !)


Photos JFM 2012

Citation d'un auteur inconnu : "Dramatiques comme des squelettes, les ruines ont une majesté sobre, une grandeur dépouillée : elles sont l'histoire figée dans la pierre"

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