Adaptation de l'Empire (IVe)

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Suite aux guerres civiles et aux invasions Barbares du IIIème siècle, Rome va tenter de s’adapter : division de l'empire, institution de la liberté de culte puis du christianisme, intégration de prisonniers germains comme colons et enfin renforcement de l'armée.

Division de l’Empire :

Pour en faciliter l’administration et la défense, l’Empire est scindé en deux parties sous l'empereur Théodose en 395 :

  • l’Empire Romain d’Occident, dont la capitale est Ravenne,
  • l’Empire Romain d’Orient, dont la capitale est Constantinople (l’ancienne Byzance, devenue Istanbul) : cet Empire subsistera jusqu'au XVème siècle.

Partage Empire
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Institution de la liberté de culte puis du christianisme

Afin de profiter de la puissance du Christianisme, l'empereur Constantin a instauré la liberté de culte en 312 et l'empereur Théodose l’a déclaré religion d’état en 392, interdisant ainsi les cultes païens. Le clergé devient la 3ème hiérarchie des fonctionnaires après les civils et les militaires. La hiérarchie épiscopale, avec ses évêques, prêtres et diacres, forme une véritable ossature qui structure fortement la population gallo-romaine, d’où l’intérêt pour l'état de l’exploiter.
Il faut noter qu'à cette époque, les barbares sont soit païens, soit de religion arienne.

Intégration des prisonniers germaniques comme colons (lètes) :

Rome choisit d’exploiter les prisonniers barbares pour défricher et peupler les nouvelles terres en Gaule au lieu de les égorger comme le prévoyait la coutume. Cette politique va permettre aux barbares de se "romaniser", voire même de se christianiser. Des obligations militaires leur étant imposées, des mercenaires seront ainsi intégrés à l’armée romaine et atteindront parfois de hauts grades (comme l’attestent certaines tombes). C’est d’ailleurs dans le cadre de cette politique de colonisation qu’une partie des Francs est intégrée dans l’actuelle Belgique en 359 et que les Wisigoths s’implantent en Thrace (actuelle Bulgarie).

Renforcement de l'armée romaine :

Le problème crucial auquel est confronté Rome est le manque de soldats qui empêche l’Empire d’assurer correctement sa défense. Le renouvellement des recrues est inefficace à cause des éléments suivants :

  • Non application de la conscription pour tous et incivisme : beaucoup de jeunes romains redoutaient la dure discipline et certains n’hésitaient pas à se couper le pouce pour être exemptés !
  • Faible natalité, principalement due aux éléments suivants :
    • déstructuration du couple : la christianisation est trop récente pour encourager les couples à se marier et à fonder une famille
    • fort taux de mortalité des mères : les femmes se marient très jeunes et meurent d’avoir des enfants trop tôt (voir l'état démographique de la Gaule),
    • impossibilité pour les romains de se marier avec une autre caste : cette ségrégation datant de 371 est justifiée par la peur d’être dominés par les barbares.
  • Hécatombe pour l'armée romaine : la bataille de Mursa en 351 entre l'empereur Constance II et un usurpateur aggravera par exemple le manque de soldats : la perte de près de 50 000 d'entre eux limitera définitivement le contingent romain d’occident à 65 000 hommes (dont 20 000 en Gaule), pour protéger une population totale d’environ 50 millions d’habitants (dont 4 à 7 millions en Gaule) : la disproportion est donc flagrante !

 

Rome va donc tenter de renforcer son armée par plusieurs moyens :

  • Intégration massive de soldats barbares au titre de traités (foedus) : ils constitueront l’essentiel de l’armée dès 375, faisant ainsi perdre au pouvoir romain la maîtrise de leur politique militaire. Le problème réside dans le respect aléatoire des barbares aux commandements romains : ils deviennent d’autant plus incontrôlables que le pouvoir romain s’affaiblit. A ce sujet, un sénateur romain affirmera : « l’ennemi était dans la place avant même que les invasions eussent commencées ».
  • Augmentation des impôts pour financer l’armée romaine : cette pression fiscale indispensable au bon fonctionnement de l’armée va inciter la fraude et l’incivisme, ce qui provoquera le développement des bagaudes, groupes de hors-la-loi qui vivent de brigandage et qui sont à l’origine des terribles révoltes qui vont secouer la Gaule au début du Vème siècle,
  • L'empereur Valentinien I va même en 367 abaisser la taille minimum des recrues de 1.72m à 1.60m.

 

Tous ces facteurs, à savoir perte du contrôle de l’armée, incivisme, faible natalité, vont contribuer à fragiliser l’Empire Romain qui tentera en vain de s’adapter et de résister aux migrations des peuples barbares.

L’Empire Romain perd donc progressivement le contrôle du processus de romanisation des barbares, qu’il a pourtant souhaité à l’origine : cela va le conduire à son effondrement.

Etat démographique des gallo-romains

La Gaule est peuplée de 4 à 7 millions de personnes au début de notre ère, soit environ 10 fois moins qu'aujourd'hui :

50% meurent avant 20 ans et 18% atteignent 80 ans : au sujet des personnes âgées, on peut à titre d'exemple citer Sainte Geneviève, Clothilde ou encore Saint Rémi, dont il sera question dans les chapitres suivants.

Age moyen du décès

  • 27 ans pour les hommes,
  • 22 ans pour les femmes : les hécatombes sont dues aux accouchements.
 

 

 

Conséquences

  • les générations se succèdent à grande vitesse et la mémoire des événements est écourtée,
  • les vieillards bénéficient d’une autorité naturelle.

 

La suite ...