|
|
Début
de la dynastie des capétiens (987 - 996) |
Hugues Capet, 1er roi capétien
|
Hugues Capet est élu roi par ses pairs en 987 suite à
la mort accidentelle lors d'une partie de chasse de Louis V, dernier
représentant de la dynastie des Carolingiens. Après
son élection lors d'une assemblée de ducs et de comtes
à Senlis et sur proposition de l'archevêque Adalbéron,
il est sacré roi à Noyon et fonde ainsi la dynastie
des Capétiens.
Par extension, "capétien" désignera le
nom de cette dynastie royale, qui régnera en direct de 987
à 1328, puis par branches collatérales de 1328 à
1848 (sauf interruptions de la Révolution et de l'Empire
de 1792 à 1714).
|
Hugues Capet est issu de la famille déjà
prestigieuse des " Robertiens " : parmi ses illustres
ancêtres, on peut citer :
- son grand-oncle Eudes : héros victorieux du siège
de Paris contre les Normands en 888, il avait été
élu roi pendant la dynastie des carolingiens et avait régné
10 ans jusqu'en 898,
- son père Hugues le Grand : il est duc des Francs, et
a été le tuteur de Louis IV.
Avant d'être élu, Hugues Capet cumulait les titres
de comte de Paris et de duc des Francs.
|
Anecdote
Ce n'est qu'un siècle après sa mort que le surnom
de "Capet" est donné
à Hugues :
Par extension, " capétien " désignera le
nom de cette dynastie royale qui régnera en direct de 987
à 1328 puis par branches collatérales de 1328 à
1792.
|
Une France féodale
Après le règne de Charlemagne et particulièrement
à partir de la fin du IXe, la royauté était devenue
incapable d'assurer la paix : les invasions vikings ont particulièrement
terrorisé la population. Cette perte de légitimité
et de prestige de la royauté a directement bénéficié
aux grands qui s'étaient révélés seuls à
pouvoir assurer la sécurité de ceux qui se trouvaient sur
leurs domaines.
De nouvelles relations entre les hommes vont apparaître dans ce
contexte, donnant ainsi naissance à la féodalité
:
-
Les ducs et les comtes :
A la tête du système féodal, on trouve une vingtaine
de princes territoriaux, descendants des fonctionnaires carolingiens
ou guerriers : ils détiennent des pouvoirs considérables
souvent supérieurs à ceux du roi lui-même.
Parmi eux, on peut citer :
- les ducs de Bourgogne, de Normandie (à partir du tout début
du XIe), d'Aquitaine,
- les comtes de Toulouse, de Flandre, de Champagne, de Boulogne.
- Les seigneurs possesseurs de châteaux-forts
:
|
Détenteur de domaines moins étendus, les possesseurs
de châteaux-forts disposent de pouvoirs de justice et de commandement.
Souvent vassaux d'un comte ou duc qui leur a concédé
un fief, ces derniers ont en échange prêté hommage
: il s'agit d'une cérémonie sanctionnant solennellement
les liens de dépendance qui s'établissent entre le
seigneur et le vassal.
|
En échange, le vassal doit à son seigneur :
- une assistance militaire,
- un service de conseil,
- une aide financière dans les 4 cas suivants (qui évolueront
au cours des siècles) : participation pour la rançon
si le seigneur est fait prisonnier, lors du mariage de sa fille aînée,
lors de l'adoubement de son fils aîné et lorsqu'il part
en croisade.
Ces règles vassaliques étant relativement précaires,
des luttes entre les féodaux généreront
une instabilité, voire une situation d'anarchie transitoire.
La France vit donc pleinement sous le
régime féodal :
Au lieu d'appartenir au roi, le pouvoir est morcelé au profit
de puissants seigneurs locaux qui lèvent des impôts,
font la guerre ou rendent la justice eux-mêmes dans leur fief.
La France est ainsi un puzzle de seigneuries.
Pour illustrer ce manque d'autorité royale face aux seigneurs,
on peut citer ce brutal dialogue, probablement imaginaire, qui aurait
été tenu vers 990 par Hugues Capet et l'un de ses
vassaux récalcitrants, Adalbert de Périgord : il témoigne
de la fragilité de la dynastie capétienne à
ses débuts :
- Qui t'a fait comte ? demande Hugues Capet
- Qui t'a fait roi ? répond son vassal
|
En 987, ni la longévité ni la puissance
de la dynastie naissante n'étaient donc prévisibles !
Un domaine royal bien limité
Les possessions directes du roi se trouvent
réduites à un petit domaine dans l'Ile-de-France,
entre Compiègne et Orléans (voir
en bleu sur la carte). Dans le reste du territoire, correspondant
à une soixantaine de nos départements actuels, l'autorité
du roi est précaire et son pouvoir est illusoire.
Il dispose également d'un réseau d'abbayes, dont
Saint-Denis, Fleury ou Saint-Martin de Tours.
Bien que suzerain (maître suprême) de ses vassaux,
le roi ne peut s'imposer face à ses puissants feudataires
(possesseurs d'un fief) qui sont en réalité quasiment
indépendants car il souffre :
|

|
- d'une puissance militaire très limitée malgré
le service d'ost, qui est une sorte de "service militaire"
dû par les vassaux au roi,
- d'une administration inexistante,
- de ressources financières trop limitées.
|
Hugues Capet doit concéder une partie de ses territoires
à sa famille et aux grands seigneurs pour les remercier de
son élection : l'ancien comte de Paris devient ainsi un roi
relativement pauvre !
|
De plus, deux grands ensembles s'opposent au sein
du royaume par leurs langues, leurs cultures et leurs origines
ethniques : leur frontière relie Grenoble et Bordeaux :
- Pays de la langue d'oil (au nord
de la Loire) : cette région était encore très
germanique et de nombreux seigneurs composaient le système
féodal (oil correspond à la transcription phonétique
de la façon de prononcer " oui "),
- Pays de la langue d'oc (au sud)
: cette région était proche des anciens gallo-romains
par leur langue latine, l'usage du droit romain était courant
et les fiefs étaient plus grands
|

|
A ces 2 langues s'ajoutent en fait de nombreux dialectes qui sont à
l'origine de nos actuels patois ou langues régionales : l'éclosion
de ces différents dialectes est amplifié par le système
féodal avec son puzzle de seigneuries.
On constate donc que rien ne prédestinait la faible dynastie capétienne
à réunir sous son autorité un ensemble de territoires
qui sera à l'origine de la France.
Il est indéniable que l'élection de Hugues Capet s'explique
aussi par sa faiblesse relative, qui en fait un candidat peu dangereux
vis à vis de ses vassaux.
Le pays se développe lentement
Durant le règne d'Hugues Capet, le développement du royaume,
bien timide, est servi par :
- une paix relative : bien que des
duchés importants comme la Normandie ou la Bourgogne restent
pratiquement indépendants et forment une menace pour la
royauté, le territoire sous influence royale s'agrandit
peu à peu : voir
la carte.
- les premiers défrichements
: les paysans libres et les serfs se sentant en sécurité
se remettent petit à petit au travail sous le contrôle
de leur seigneur,
- une certaine renaissance intellectuelle
: cette dernière est encouragée par l'ouverture
d'écoles attachées à des monastères,
- l'intensification des échanges commerciaux
avec d'autres régions.
|

|
Les 1ers capétiens n'avaient pas encore de capitale attitrée
et se déplaçaient de villa en villa : il faudra attendre
Philippe Auguste pour que Paris devienne capitale du royaume.
Le sacre du roi et sa succession
Le roi dispose d'un atout majeur qui lui donne de l'autorité
sur les autres seigneurs qui sont bien souvent plus puissants que lui
: il est couronné et sacré par un évêque, et
est ainsi reconnu comme roi de droit divin. Ce sacre religieux lui assure
un pouvoir qui le distingue de ses vassaux et lui garantit un prestige
incomparable.
Afin d'assurer une monarchie stable et la continuation de la dynastie,
Hugues Capet va instaurer deux principes fondamentaux :
- l'association du vivant du roi du fils aîné
au trône : nous verrons que cela va permettre de passer
en douceur d'une royauté élective à une royauté
héréditaire,
- le principe de la primogéniture
: la priorité est accordée à l'aîné
des enfants du roi, évitant tout conflit au sein de la famille
royale (c'est ce qui a en partie causé la fin des dynasties mérovingienne
et carolingienne).
Ainsi, cette faible dynastie va pouvoir perdurer sans conflit de succession
et s'affirmer progressivement après la mort de Hugues Capet en
996 avec Robert II le Pieux, qui sera roi de 996 à 1031.
 |
Le roi et la justice
Hugues Capet, que l'on voit assis sur son trône,
tient la main de justice : les trois doigts sont le symbole de la
Sainte Trinité qui confirme le pouvoir religieux du roi.
La main de justice réunit ainsi la puissance
justicière conférée au roi à
sa puissance religieuse de par son sacrement.
|
|
|